Faire face à l’épuisement

Cette deuxième matinée de l’Atelier des Savoirs était consacrée à l’épuisement professionnel appelé également « burn-out ». Martine Laval, psychologue clinicienne et Marie-Noëlle Gombert, infirmière de coordination, travaillant toutes les deux en oncologie au CHU de Bordeaux, nous ont aidés à mieux appréhender cette problématique très présente dans les milieux du soin. 

Cet atelier a rassemblé une quinzaine de participants, certains en attente de dernières réponses pour rétablir équilibre et sérénité dans leur vie après avoir vécu un burn-out ; d’autres, conscients de leur fragilité et d’un équilibre précaire, désireux de se protéger face aux difficultés quotidiennes ; d’autres encore parce qu’ils ont repéré dans leur environnement professionnel les risques et les conséquences en termes de qualité des soins.  

C’est à travers le vécu de ces professionnels du soin et de l’aide à la personne que nous avons tenté de répondre aux questions :

  • Comment vivons-nous nos contraintes et l’épuisement au quotidien ? 
  • Quelles répercussions dans notre capacité à être présent à soi et à l’autre ?
  • Quelles ressources déployer pour faire face à l’épuisement professionnel ?

Des échanges très nourris entre les participants, nous retiendrons quelques points.

IMG_0433Tout au long de la vie, plus ou moins conscients de nos fragilités, nous construisons en nous un équilibre précaire entre ressources et carences qui déterminent notre manière d’être, à nous et au monde. La souffrance au présent, en particulier dans la relation de soins, mais aussi dans les relations professionnelles, nous renvoie à ces fragilités. C’est alors que les barrières, érigées en protection en nous et autour de nous, s’effritent générant ainsi progressivement une fatigue. Risque alors de s’installer l’épuisement jusqu’à ne plus pouvoir affronter le quotidien professionnel. 

C’est au pied du mur qu’on voit le mieux le mur !

Le fait d’être confronté à l’épuisement professionnel nous met en contact avec notre propre vulnérabilité. De cette rencontre, on apprend sur soi et sur les autres, rencontrer notre vulnérabilité nous rend plus fort au bout de l’expérience. Cela nous oblige à interroger nos valeurs, nos croyances, nos idéaux du soin et de ce que l’on « doit » être en tant que soignant. La situation de burn-out nous oblige à aller voir nos fonctionnements émotionnels, à explorer notre relation avec l’autre et en l’occurrence avec les patients et en estimer toutes les répercutions. En cela, si le retour à un équilibre peut être lent et douloureux, l’issue peut être constructive pour soi-même et pour les autres.

Rencontrer sa vulnérabilité comme étant source de compréhension de son fonctionnement est enrichissante, mais se « cogner au mur » de sa vulnérabilité sans ressource rend la situation difficile et peut être source d’épuisement.

Il est important d’accepter de se rencontrer « avec soi-même » dans des situations et des moments sans enjeux. Si on s’entraîne à regarder, on voit, et si on voit, les choses changent. Le fait de voir nos dysfonctionnements est thérapeutique en soi et amoindrit notre tendance au rejet. Il faut être doux avec soi-même et s’accueillir dans notre dimension humaine. De la même façon il faut savoir s’autoriser à vivre certaines choses dans notre relation avec le patient. Si parfois il est important de mettre de la distance, il faut aussi savoir laisser parler nos émotions. Laisser ces émotions au placard, c’est aussi y laisser notre dimension humaine puisque nous sommes des êtres émotionnels. Notre capacité de raisonnement est liée à notre capacité à accueillir nos émotions. 

Si je suis déconnectée de ce que je suis, comment puis-je avoir un raisonnement juste ?

IMG_0432Le rapport au temps est une clé pour trouver un ressourcement différent, pour se connecter à ce que nous vivons concrètement. Notre rapport au temps est très subjectif : il y a des minutes qui durent des heures et des heures qui semblent passer en une minute. Le temps n’est pas durée, mais le temps est rythme, et le temps est « vécu ». Ce qui est important, c’est le vécu du temps et non sa durée.  

Pour être réellement présent à l’autre je n’ai pas obligatoirement besoin de beaucoup de temps en termes de minutes, mais en termes de présence.

Ce temps étant rythme, il doit être séquencé tout au long de la journée, mais également dans la relation aux patients : « quand je quitte un patient, je le quitte en conscience pour pouvoir accueillir un autre patient ». Le sentiment de pas avoir pu réaliser de façon satisfaisante son travail nait souvent d’un manque de présence au temps qui passe. 

Le deuxième point important est celui de « comment je vis l’instant, comment j’habite l’instant ? » Si la machine s’emballe et qu’une accélération mentale et émotionnelle s’élève, prendre un temps de recentrage est nécessaire pour revenir à soi. Se rappeler qu’on respire et poser notre attention sur la respiration permet de voir les émotions à l’oeuvre, de les calmer et parfois d’en sortir. Le plus délicat est de s’en souvenir au bon moment… 

La qualité du temps de présence dépend de ce que je vis au moment où je suis présente.

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