Une vie sans souffrance, sans insatisfaction demeure une illusion. Notre fonctionnement centré sur nous-même nous amène, de fait, à attirer à nous ce qui nous convient et à écarter ce qui nous dérange. Cette continuelle recherche de plaisirs monopolise notre esprit et nous pousse à réagir essentiellement sur base des émotions perturbatrices. Je veux, je ne veux pas, j’ai envie, je rejette, etc.
Sans cesse en mouvement, nous voulons trouver un havre de paix, un espace de tranquillité où tout serait à sa place, comme nous le souhaitons. Pas de perturbation extérieure, pas de tristesse, mais de la joie, de l’amour, voilà ce que nous voulons !
Visiblement nous nous y prenons mal, puisque nous sommes toujours en quête du bonheur… Une de nos difficultés est que nous recherchons un bonheur stable et durable alors que tout change tout le temps, que tout est imprévisible. Nous ne savons pas ce que sera l’instant suivant. Sans nous en rendre compte, nous construisons sur du sable alors que nous pensons établir un socle solide pour une vie qui nous convienne. Mais c’est l’insatisfaction qui prend place, parce que cela ne se passe pas comme nous le voulons !
Sans cesse, nous nous laissons embarquer, happer par nos émotions alors que nous souhaitons trouver le bonheur, développer plus de clarté et de bienveillance. Lorsque nous le voyons, c’est bien souvent le découragement, le jugement sur notre incapacité à parvenir à stabiliser notre esprit, qui prennent place.
Mais voir est la première étape du processus. Voir nos émotions à l’oeuvre, les identifier, les accepter et ne pas les suivre est un entrainement. Nous ne pouvons changer que ce que nous voyons. Guendune Rinpoché disait : « un défaut non vu est un défaut, un défaut vu est une qualité potentielle ».
L’émotion perturbatrice n’est qu’un mouvement dans l’esprit, mais nous avons l’habitude de nous identifier à tout ce qui traverse notre esprit, les pensées, les concepts, les émotions, les représentations, tous ces mouvements ont pour nous une réalité, une densité qui nous entrainent dans leurs sillons. Nous sommes accrochés aux mouvements émotionnels. Nous ne considérons pas la colère, ou tout autre émotion perturbatrice, comme un mouvement qui nous traverse, nous nous identifions à cette colère et nous nous percevons comme coléreux. Le découragement et la déception prennent souvent place lorsque nous constatons notre difficulté à changer notre rapport à nos travers émotionnels.
Travailler avec ses émotions se vit en quatre étapes : les voir, les identifier, les accepter et ne pas bouger, rester stable et laisser passer le mouvement émotionnel.
C’est parce que je vois mes dysfonctionnements, c’est parce que je les accepte que petit à petit j’ai la possibilité de ne pas bouger, de laisser l’émotion s’élever sans pour autant m’identifier à ce mouvement dans l’esprit.
Il s’agit alors de se réjouir de voir, et non pas de se réjouir de ce que nous voyons !
Parvenir à se réjouir de voir la colère monter en nous, même si nous nous laissons piéger par elle, est une étape essentielle du processus. Si nous parvenons à nous réjouir de voir, et si nous le faisons de façon régulière, aller à la rencontre de nos dysfonctionnements devient un plaisir ! Nous sommes moins sujet à l’insatisfaction ou au jugement dur qui entraine souvent une baisse de l’estime de soi.
Se réjouir rend au contraire l’entrainement plus léger.
Se réjouir est une base nécessaire pour développer la persévérance, l’effort enthousiaste, pour renforcer notre bienveillance envers nous-même et donc envers les autres.
Réjouissons-nous d’avoir la possibilité de regarder notre fonctionnement afin d’en être moins dépendant !
Votre commentaire